/// QUI ES-TU TAYLOR SWIFT ?
Taylor Swift, ou présentement la fille aux 46 millions d’occurrences sur Google, soit plus que Miley Cyrus, autant que Beyoncé mais tout de même moins que Rihanna ou Lady GaGa, n’est apparue réellement sur le devant de la scène qu’en 2006, mais avait un contrat en poche dès 2003, soit à l’âge de 14 ans. Non contente d’être aujourd’hui référencée un nombre vertigineux de fois sur tous les moteurs de recherche existants, Taylor se targue de surcroît de n’être ni plus ni moins que la meilleure vendeuse de l’ére numérique selon Nielsen SoundScan, avec plus de 24,3 millions de morceaux vendus en format digital à ce jour. Mais assez de chiffres qui ne nous apportent pas grand-chose si ce n’est deux ou trois interjections (oh! ahhh!) et tout au plus, quelques incontrôlables écarquillements, réitérons la question : qui es-tu, Taylor Swift ?
LA JEUNE FILLE SANS HISTOIRE
Il faut admettre que jusqu’à cet insolite incident à la cérémonie des MTV Video Music Awards de septembre dernier, peu de monde outre-atlantique avait entendu parler de Taylor Swift. Rappel des faits : Kanye West monte sur scène juste après la victoire de Taylor dans la catégorie du meilleur clip de l’année par une artiste féminine, afin de clamer que , « yo, [il est] très content pour elle » mais que « le clip de Beyoncé [est] l’un des meilleurs de tous les temps » et qu’elle aurait donc dû emporter le prix, interrompant ainsi une Taylor Swift soufflée qui n’a pas l’occasion sur le coup de remercier ses fans, sa maison de disques et son ingénieur du son préféré. Beyoncé rectifiera le tir plus tard dans la soirée, en accordant la parole à Taylor lors d’une de ses nombreuses victoires ce soir-là. Mais cet événement est loin d’être passé inaperçu pour autant : comment donc Kanye West, qui fait ici figure de grand méchant loup avait-il pu oser gâcher la victoire de ce petit chaperon rouge d’à peine 20 ans, bien sous tous rapports et discrète au possible dans les tabloïds du monde entier ? L’ampleur du scandale est telle que Barack Obama lui-même interviendra quelques jours après l’incident pour qualifier Kanye de « jackass » (crétin). Un peu comme si Nicolas Sarkozy était monté au créneau pour défendre l’honneur bafoué des Tokio Hotel, idoles en voie de disparition des pré-pubères françaises, victimes d’une gaffe de Kamel Ouali aux derniers NRJ Music Awards. Bon, pas tout à fait, mais vous aurez saisi l’idée.
L’idée étant que Taylor est à la country ce que Britney fût un temps à la pop : l’idole des jeunes, la guitare en bandoulière se substituant aux tenues d’écolière sexy. C’est d’ailleurs tout ce qui la rapproche de l’interprète de Womanizer : en dehors du KanyeGate, Taylor n’a jamais réellement défrayé la chronique durant ses 4 années d’existence médiatique, hormis pour sa relation avec Joe Jonas (des Jonas Brothers) qui s’est terminée par un appel de 27 secondes montre en main. Vous ne la retrouverez pas dans des poses compromettantes comme ce fût le cas pour Miley Cyrus ou Vanessa Hudgens, autres icônes adolescentes du XXIème siècle, ni en état d’arrestation pour conduite en état d’ivresse ou abus de stupéfiants. Non, Taylor a bien trop les pieds sur terre pour ça. Les pieds nus, caressant l’eau du doux ruisseau de sa ville natale, Wyomissing. Un manque d’intérêt flagrant pour les journaux à scandales qui ne l’empêche pas pour autant de se voir auréolée d’un succès grandissant au fil des mois (dont 4 Grammy Awards remportés le mois dernier).
L’ARTISTE DÉJÀ CONNUE ET RECONNUE
Car qu’on la prenne au sérieux ou non, Taylor Swift n’en reste pas moins une artiste, de surcroît encensée par la critique. Pourtant, ses chansons ont tendance à toutes se ressembler d’un single à l’autre, si bien que l’on aurait très bien pu imaginer sa maison de disques bâtir sa carrière sur un unique single. « Love Story » remet l’histoire de Roméo et Juliette au goût du jour, sans pour autant prendre la peine de la dépoussiérer : au contraire, la trame s’en trouve simplifiée, Taylor attendant en vain son Romeo pendant deux couplets, celui-ci décidant heureusement de faire le premier pas à la fin du morceau. Son plus gros tube, « You Belong With Me » est quant à lui un des multiples morceaux de sa courte carrière abordant le thème très juvénile du crush impossible des années lycée. Car oui, on a tous connu ça, même toi qui aujourd’hui fait le malin devant tous tes nouveaux amis, ceux-là même qui ne t’ont pas connu pendant tes années acné, soirées conférences sur MSN et agenda débordant plus de « fioritures décoratives » que de dates de prochains contrôles commun.
Taylor endosse systématiquement le rôle de la loseuse. Elle est la bonne copine incomprise qui passe ses soirées seule, à verser des larmes sur sa guitare, bien qu’elle connaisse par coeur les chansons préférées de son inaccessible prince charmant et le chemin qu’il emprunte chaque soir pour rentrer du lycée. Mais bon, à force d’en parler à tout bout-de-champ, on se doute bien qu’elle doit souvent finir seule au moment du Kiri et de la pêche au sirop à la cantine. La seule petite incartade que Taylor ait osé se permettre est bien « Picture To Burn », l’équivalent country du « Since U Been Gone » de Kelly Clarkson (clip compris), lui offrant ainsi de faux-airs vengeurs, lorsque celle-ci déclare « alors vas-y, va dire à tes potes que je suis obsédée et cinglée, je dirai aux miens que tu es gay » et « mon père va te montrer à quel point tu risques d’être désolé » tout en saccageant le loft du type en question. Mais tout est bien qui finit bien, car l’on se rend compte à la fin du clip que celle-ci ne faisait qu’imaginer cette violence gratuite sur de pauvres meubles d’intérieur, et qu’en fille sage et réfléchie qu’elle est, elle se contentera tout simplement de l’oublier. Elle déclarera d’ailleurs au sujet de ce morceau « avant de chanter cette chanson, je préviens toujours mon public qu’en vrai, je suis une gentille personne mais que si on me brise le coeur ou me blesse profondément, alors j’écrirai une chanson sur la personne concernée ». Une catharsis classique mais efficace. DON’T MESS WITH HER.
Le fait est que Taylor appuie là où ça fait mal : le petit coeur fragile d’adolescentes en proie aux affres de l’amour et des premières vraies désillusions de la vie. Alors certes sa musique part d’une bonne intention, celle d’accompagner les préoccupations des jeunes filles d’aujourd’hui, mais se retrouve au final galvaudée par un ramassis de clichés inhérents au genre, mais aussi à la personnalité si lisse de son interprète.
TAYLOR SWIFT, PROTOTYPE DE L’ADO MODÈLE
Taylor Swift, 20 ans, ne fume pas, ne boit pas, ne fait pas le tour des soirées les plus branchées d’Hollywood et ne s’est jamais acoquinée de près ou de loin avec Lindsay ou Paris. Elle a pourtant plus d’un tour dans son sac et, non contente de permettre à toute une génération d’êtres sensibles déçus par l’amour de s’identifier aux morceaux évoqués précédemment, elle choisit également de prôner la vigilance (si ce n’est l’abstinence) quant au premier garçon à qui l’on offre sa virginité, dans « Fifteen », acclamé de tous pour ses judicieuses paroles de bon conseil. « Tu feras de meilleures choses dans ta vie que de sortir avec ce garçon de l’équipe de foot, mais moi je l’ignorais lorsque j’avais 15 ans », « Abigail (ndr : sa meilleure amie de l’époque) a donné tout ce qu’elle avait pour un garçon qui a changé d’avis, et nous avons pleuré toutes les deux » déclare t-elle dans cette ballade, élargissant ainsi son public de « filles de 15 ans » à « femmes qui ont eu 15 ans par le passé ». Et il y en a beaucoup.
Attirer un grand nombre de gens pour ce qu’elle représente et véhicule, c’est là la plus grande force de Taylor et ce qui la rapproche d’une certaine manière d’autres icônes de la pop telles que Madonna ou, ironiquement, Kanye West. Classée 69ème des célébrités les plus influentes de 2009 par le magazine Forbes, centre d’attention d’un groupe Facebook intitulé « Il est difficile de ne pas penser à quelqu’un lorsque l’on écoute les chansons de Taylor Swift » et réunissant près de 300 000 membres, Taylor et son look de girl-next-door charmante et inoffensive est aujourd’hui incontournable, et ce à une échelle internationale. L’on peut ainsi se demander ce qui l’a obligé à se cantonner à de très modestes ventes d’albums en France, si ce n’est la barrière de la langue ou peut-être sa douceur bien trop prononcée.
SO, QUI ES-TU TAYLOR SWIFT ?
Alors bien sûr Taylor a, comme tout le monde, des défauts : oui, elle s’est sûrement déjà écorchée le genou en jouant à la marelle, peut-être même qu’un raton-laveur lui a mordu la jambe lors d’une randonnée champêtre, mais tout ça fait partie des choses que l’on ne sait pas et l’on ne saura jamais à son sujet. Il n’y a pas de « mystère Taylor Swift » à proprement parler, juste une limite fixée par elle-même sans le vouloir : l’on s’en tient à sa musique, et le reste est de l’ordre privé. Ainsi, Taylor pourrait être la voisine de classe de votre petite soeur ou cousine que vous n’y verriez que du feu, et elle offre à celles qui aspirent à une carrière telle que la sienne une vision de l’artiste américaine loin de celle des divas Beyoncé, Jennifer Lopez ou encore Lady GaGa, loin des filons de la démesure et de l’extravagance exploités par celles-ci. Une création artistique d’un intérêt limité, d’après l’auditeur lambda pas forcément adepte de country-pop générique ultra-catchy, mais pas selon les gens qu’elle touche, et c’est l’essentiel. Il s’agit juste là d’une jeune et discrète blondinette armée d’un champ lexical réduit mais accessible à tous et de sa guitare : au fond, voilà peut-être qui est vraiment Taylor Swift, et ce qui fait définitivement d’elle une artiste pop, au sens premier du terme.
TEXTE : Thomas Rietzmann
Bonjour,
Quelques mots pour vous faire découvrir Dattola. Une pop organique et survoltée, une bizarrerie électro-bidouillée, un goût pour l’étrange et le fantastique, voilà en substance comment décrire ce projet autoproduit en quête de label. On s’aperçoit rapidement de sa fascination pour les galettes volcaniques de Björk, pour la pop hallucinée de Kate Bush, pour les sorcelleries de The Knife.
« Crash Bam », son nouvel album, vient de sortir sur toutes les plateformes de téléchargement via Zimbalam. A noter la présence de Charlotte Savary (la voix cristalline de Wax Tailor) sur « Lucky Girl » ; Mathieu Gibert et Laurent Collat (les sculpteurs sonores encore de Wax Tailor) qui signent le mixage de l’album ; ou encore Akamatsu et ses prods abyssales sur « Spacesuit »…
Mais le mieux, c’est encore d’y jeter une oreille sur http://www.deezer.com/fr/music/dattola/crash-bam-479616
Quelques dates de concert :
* Le Yono – samedi 6 mars à 20h,
* L’Abracadabar – vendredi 9 avril à 21h
* La Scène Bastille – jeudi 3 juin à 20h
Bonne écoute et à très bientôt !
Arnaud
06 81 77 65 03
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Je ne connaissais pas Taylor Swift, mis à part le scandale de Kanye West… J’aime bien votre article même si je trouve qu’elle passe un peu pour la blonde neuneu de service (« champ lexical réduit ») mais ces chansons sont plutôt bien et elle a le mérite de ne pas s’étaler.
Longue vie à Taylor, et à Spank.
Il a le dont pour contester les prix Kanye West… ( cf Clip de justice)
Je ne l’aime pas.