/// CASTELBAJAC : INTERVIEW POP !
Jean-Charles de Castelbajac est à la culture Pop ce que Tic est à Tac. Une sorte de « dérangeur » du risque, les poils en moins. Le créateur nous a reçu pour nous parler de sa vison du Pop, de ce qu’il en reste, et de ce que ça devient. S’il se met un peu à nu pour l’interview, nous vous proposons de rhabiller JCDC à la fin de l’article !
Si si, c’est vrai.
Pour vous, qu’est-ce que la culture Pop ?
Quelque chose d’explosif. C’est quelque chose qui m’a d’abord interpellé par la force des images, par la force d’une génération – les fondements des années 60 – ma post adolescence donc. C’est ma jeunesse, et mon éternelle jeunesse.
Qu’est-ce qui n’est pas Pop ?
J’aurais tendance à penser que tout ce qui est lié à la destruction, tout ce qui est lié au pouvoir, a du mal à être de Pop. Mais je pense que le Pop peut englober beaucoup de mouvements, comme le gothique. Je pense que le Pop a cette capacité, cette versatilité de transformer même des choses très sombres en choses lumineuses.
Finalement le Pop serait avant tout « s’exprimer » ?
C’est donner une autre dynamique. C’est prendre des choses, les transformer, et les mettre en valeur en fait. Pour moi, c’est aussi le révélateur de choses qui ne sont pas soumises au regard des autres, et qui sont en l’occurrence des choses qui peuvent être de l’ordre de l’humble, du simple, ou du quotidien ; et de les transformer en une vision iconique.
Le Pop c’est aussi un mouvement totalement transversal entre le son, l’image, et tous les autres medium. C’est avant tout une manière de communiquer.
Quelles sont vos icônes Pop ?
Ma première icône Pop c’est un homme qui s’appelait Raymond Loewy, il a dessiné les logos de Shell, d’Esso et de Lucky Strike. Et puis il y en a tellement … J’ai été immergé comme Achille dans un bain où tout m’a inspiré en fait.
Et vous, en quoi êtes-vous Pop ?
J’ai eu conscience que j’étais réellement Pop en habillant le Pape. Quand j’ai fait un « Pop Pope », j’ai compris le pouvoir de mon action et ce pouvoir qu’a un artiste de propager une vision. C’était en août 1997.
Qui est Pop aujourd’hui ?
Ebony Bones, Santigold, M.I.A., paradoxalement Rufus Wainwright. En « dark Pop », il y a Crystal Castles aussi.
Beaucoup dans la musique donc ?
Oui, c’est vraiment là où je vois une éminence du mouvement Pop aujourd’hui. Je pourrais vous dire Jeff Koons mais c’est pas une vision du Pop aussi moderne que celle qui est traduite par le son.
Selon vous, cette culture a du mal à être exprimée par d’autres biais artistiques ?
C’est pas ça, c’est que le Pop en images a rejoint le quotidien. Il n’y a plus vraiment de différence entre une œuvre Pop et la représentation de ce quotidien via l’image et la photographie. Alors qu’il y a une créativité, une nouvelle invention et une nouvelle dynamique Pop qui pour moi trouve ses fondements dans la musique. Quand je vois Ebony Bones, et toute cette influence tribale, Punk, Pop… En fait aujourd’hui, lÀ où le Pop est intéressant c’est quand il est punk, c’est quand il est gothique, quand il est dark, quand il est réinventé ; et je ne crois pas en cette filiation post warholienne qui est de faire du Pop pour du Pop.
C’est donc ça le futur de la culture Pop ?
Le futur de la culture Pop, ça peut être le Hip Hop, le post Hip Hop, le Rock & Roll. Le futur est assuré puisque c’est la propagation qui ce fait au travers d’internet : Facebook c’est Pop, Myspace c’est Pop, Twitter c’est Pop, Iqon c’est Pop. Tout ça, ce sont des bases essentielles de la culture Pop.
Pensez-vous que nous allons plutôt vers une communauté Pop plus qu’une culture Pop ?
Vous savez dans les années 60-70-80, j’étais un résistant. Maintenant je suis un virus Pop, donc je pense que c’est ce qu’il se passe oui. Comme tous les actes se rencontrent – que ce soit celui de la musique, du théâtre, même s’il a un peu vieilli, de la télévision, tous les medium – on est complètement immergés dans une réinvention de la culture Pop.
Si vous deviez citer un symbole Pop ?
Iconique, je dirais le Polaroid. C’est l’instantané, cette dimension de fragmenter une image dans le temps, et le geste en lui-même. Sinon, je ne peux pas vous dire autre chose qu’Internet aujourd’hui. Internet, et des sites comme Deezer, qui sont des sites de « popagation », et de « popagande ».
Un mot pour finir ?
Écoutez, je n’ai qu’un message : le « low cost luxury ». C’est ma détermination aujourd’hui, de donner à cette jeune culture Pop, cette jeune génération post Pop, des produits incroyables à des prix aussi incroyables. Donner de la beauté à des prix accessibles. Et je crois que c’est un geste totalement Pop que de « popager » des choses qui dans le passé n’étaient réservées qu’à une élite intellectuelle ou financière.
Ça me hante, ça m’occupe, ça me préoccupe, et c’est là où va mon énergie.
JEU : HABILLE TON JCDC
Pour voir le défilé de la dernière collection, avec le live d’Ebony Bones : www.jc-de-castelbajac.com/
Propos recueillis par Raphaël Cioffi.
I say, that’s cool man. Keep on webbing.