/// CRAZY (HORSE) GIRL
« Je me laisse admirer mais pas toucher et me fais gourmande pour vous faire saliver » : chronique d’une danseuse du Crazy Horse de Las Vegas.
Plus besoin de présenter cet endroit magique – temple de l’érotisme – ou l’art du nu évolue depuis 1951. Presque 60 ans que le Cheval Fou galope.
Un « big up » pour feu FR3 qui, la Saint Sylvestre venue, nous permettait de mater de la fesse ronde et ferme et des poitrines certes petites mais bien galbées! J’étais fascinée par la sensualité qui émanait de ces créatures et j’évaluais mes chances en évaluant mes formes devant le miroir de ma chambre. En 2000, j’ose enfin passer l’audition et m’agite sur scène comme si ma vie en dépendait. Elle en dépend.
« Cambre mon enfant, cambre… » me lance la chorégraphe Sophia Balma. Je suis seule, pas de concurrence a l’horizon. Mon string noir et mes talons hauts seront mes seuls compagnons de fortune.
Je suis prise.
« On rentre au crazy comme on rentre au couvent. »
Aucun dialogue avec le personnel masculin n’est toléré, on pointe comme a l’usine et un taxi nous attend à la sortie pour éviter tout contact avec la clientèle. On nous impose une frange, un nom de scène – qui va de Nikkela Kroma en passant par Pussy Dutyfree (sic) – ainsi qu’une fourchette de poids à ne pas dépasser, sinon gare a la suspension. Mary Kate Olsen adopterait un nom de bad James Bond girl et se défeuillerait sur scène qu’on y verrait que du feu.
Les loges sont comparables à une cour de recré. Gossips et musique à fond rythment les échauffements. Exit la concentration, on se raconte tout, des amours aux emmerdes. Ça balance sur l’arriviste des pays de l’Est, ça s’intrigue au sujet de l’autrichienne discrète, ça s’anime pour la brûlante brésilienne ou en encore ça se jalouse sur l’épicée martiniquaise. Toutes les nationalités, les amitiés, les inimitiés, les complexes, les prétentions, vont disparaître dans quelques instants. Chacune s’habille de son personnage et s’apprête à monter sur scène.
Je jette un dernier regard dans le miroir, cale mon chapeau de la garde anglaise sous le bras, me prépare derrière le rideau : je deviens Zsa Zsa.
(référence à Zsa Zsa Gabor, actrice américaine des années 50 qui s’est mariée 9 fois)
« Mesdemoiselles sur scène dans 5mn… »
C’est sur scène que la magie opère. Sur cette scène où je prends un malin plaisir à vous regarder droit dans les yeux avec l’envie de vous donner envie… Je me laisse admirer mais pas toucher et me fais gourmande pour vous faire saliver.
Mais pas question de m’approcher, je suis votre mirage et vous le fruit de MON expérience. J’ai besoin de me rassurer à travers votre regard et de savoir si je vous plais. Le plus jouissif dans tout ça, c’est lorsque que vous êtes accompagné d’une femme (parfois la vôtre, parfois celle de tout le monde) et que vous lui prenez doucement la main pour la rassurer, en vain. Elle qui préférerait un regard animé du même désir.
D’autres femmes sont curieuses et émoustillées. Elles étudient avec la plus grande attention les poses langoureuses et suggestives de chaque numéro. Nos costumes insignifiants les inspirent, nos talons vertigineux les font rêver. Elles aiment, elles adorent et elles en redemandent encore, car manipuler avec autant de classe et d’audace une nudité dénuée de toute vulgarité n’est pas une mince affaire.
Le spectacle se joue alors dans les 2 sens, et l’observateur devient l’observé. Moins j’ai de vêtements, plus vous êtes à nu.
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TEXTE & PHOTOS : Laure Larios
Vraiment magnifique cette dernière phrase, encore bravo !
Encore ! encore !….
excellent ma belle
magnifik photos…
Je suis admirative! Tombée par hasard sur cet article, je n’ai qu’une envie : suivre un entraînement pour être pareil.
Encore bravo!
Deadly accurate answer. You’ve hit the buseelyl!
Stay inamvoftire, San Diego, yeah boy!
Heckuva good job. I sure appaceirte it.