/// L’ENTOURAGE NUIT A VOTRE CIGARETTE
Ce 1er janvier 2010, nous fêterons les deux ans de la loi anti-tabac, appliquée dans les lieux dits « de convivialité ». Deux ans que le divorce a été prononcé entre les vices : on boit dedans, on fume dehors. Motif : incompatibilité du mœurs. Si la raison et l’envie se partagent notre garde, force est de constater que depuis, notre vie nocturne a fortement changée. Seules les boîtes de nuit semblent vouloir recomposer les familles, en s’équipant d’espaces fumeurs.
L’homme au poumon goudronné s’y sent en sécurité, au sein de ses pairs, et peut à loisir discuter – la bouche enfumée - sans se soucier d’un quelconque jugement. A l’instar des clubs clandestins, le fumoir déshinibe et offre un espace de discussion non négligeable pour le fêtard. La promiscuité de ces pièces exiguës permet des contacts, invraisemblables ou subis – mais toujours forts et spontanés – aux amoureux de la nuit. Alors, de la fumée ou du fumeur : qui nuit le plus à votre santé ?
Le Gratteur
Le gratteur est un peu la hyène du fumoir. Une logique implacable et un sens de l’arrivisme hors du commun lui laissent penser que c’est au fumoir qu’il a le plus de chance de trouver quelqu’un pour lui dépanner une clope. Au début, les gens pris de compassion donnaient volontiers une cigarette – feu compris pour les plus samaritains d’entre nous – mais l’experience du fumoir rend le metier de gratteur beaucoup plus délicat. Le virus étant toujours en avance sur le remède, le gratteur mute : il vous parle en vous faisant croire qu’il s’intéresse à vous, pour mieux vous demander une blonde au milieu de la conversation, l’air négligé. Attention, il parlerait de la discographie complète de Madonna pour une taffe.
Le Non-fumeur
Opposé total du gratteur, le non-fumeur pourrait au premier abord ne pas avoir sa place au fumoir. Seulement, il s’avère que le pauvre est venu avec deux fumeuses très mignonnes, et qu’il se mordrait les doigts à l’idée de les lacher seules au milieu de cette horde de fumeurs avides de nouvelles rencontres. Le non-fumeur se reconnaît à son teint livide et aux signes permanents qu’il envoie à ses amies pour les prier de retourner sur la piste de danse. Oui, la piste, où l’air est frais et fleure bon la transpiration. Mauvaise haleine versus mauvaises aisselles, chacun son camp. Il n’est généralement pas apprécié de la commnauté, car il renvoie le fumeur à son passé d’homme sain, et ne peut dépanner de clope à personne.
Le Couple
Maintenant on n’emballe plus sur la piste de danse. So 2007. Depuis la disparition malheureuse du slow, l’homme et la femme (ou l’homme et l’homme ou la femme et la femme) profitent du calme relatif de l’espace fumeur pour s’emballer à coeur joie. Le couple se reconnait premièrement à ses 4 bras et 4 jambes, et à cette impression de véritable microcosme créé autour d’eux. Aussi, il attire une sorte de poisson pilote en la personne de gossip girl (ou boy) qui, à coté des deux tourtereaux, s’en donne à coeur joie pour commenter leur nouvelle relation. A noter que le couple fume peu, trop occupé à échanger germes et microbes, mais est apprécié du fumeur, qui tolère cette autre forme de vice.
La Rebelle en coton
Par définition, la rebelle en coton est maquillée, coiffée, moulée dans son jean et perchée sur ses talons. Sa particularité vient d’un t-shirt des Ramones, de Run DMC, des Stones ou d’Iron Maiden, qui est la pièce maîtresse de sa tenue. « Ola ! » me direz-vous, « ne retrouve-t-on pas la rebelle en coton dans moult autres endroits que les fumoirs de clubs quelconques ? ». « Oui » vous répondrai-je, appréciant l’intérêt que vous portez à mon étude, seulement dans cet espace confiné, la rebelle en coton peut étaler toute son inculture musicale, mise en emphase par la nicotine. Elle ne parle que de ce t-shirt flocké d’un groupe de punks des plus dégueulasses et drogués, quand elle ne daignerait même pas découcher par peur de prendre le métro pas douchée. Wild.
Le Mec bourré
Le mec bourré est un classique de la boîte de nuit, qui a étendu son champ d’action grâce aux fumoirs. Il existe 2 grandes familles de mecs bourrés. La première est la moins dérangeante, puisqu’il s’agit du bourré inoffensif qui décuve au fumoir parce que c’est calme. C’est toujours un oeil fermé que le cyclope clope. Toujours rester attentif cela dit, il pourrait saluer vos vêtements avec sa bile à tout moment. La seconde famille est celle des alcooliques expansifs qui se sentent obligés de communiquer leur joie – ou colère – devant des éléments de leur vie ou de leur soirée à qui veut les entendre (ou pas d’ailleurs). Il provoque souvent une mort lente et douloureuse à votre instant cigarette.
L’Orateur
Généralement, l’orateur est irritant avant même d’avoir ouvert la bouche. Il porte souvent un polo ou une chemise, voir même – pour les plus extrêmes d’entre eux – un pull sur les épaules. Entouré d’une bande d’ami, il profite du calme du fumoir et de la sociabilité des gens pour y étaler toute son absence de culture. L’orateur adorant l’écueil, il peut dire des choses très pertinentes (mais si, puisqu’il le dit) comme « Woody Allen ne fait des films que pour l’argent » ou encore « Justin Timberlake c’est le nouveau king de la pop » avec énormement d’aisance. Fumez tranquillement, et tentez un « Flük bié youna » – du faux norvégien – il vous laissera fumer en paix, en racontant aux autres comment il a capturé des loups à Oslo.
Le Provincial
Comme vous vous en doutez, le provincial se trouve exclusivement dans les boîtes de la capitale. Il peut exister une version light de cet individu dans certains clubs des grandes villes de France. Le provincial se distingue de prime abord par une joie sincère et affichée de se trouver ici, contrastant fortement avec le reste du fumoir, qui ne rate pas une occasion de se plaindre que l’endroit-était-mieux-avant, qu’on-ne-peut-plus-sortir-à-Paris et que franchement-la-fille-là-bas-a-vraiment-l’air-d’une-pute. Le provincial est d’humeur affable et sociable. Il tentera de lier contact avec vous non pas en vous demandant une cigarette mais en essayant de jauger votre fréquence de fréquentation du lieu, puis de vous demander si les bières sont toujours aussi chères et hallucinera car il a croisé Tekilatex en entrant. Le provincial est LE personnage attachant du fumoir : vierge de tout vice, il nous rappelle nos premières cigarettes.
Texte : Guilhem Malissen
Illustration : Edouard Roques
Très drôle
Ouah, super ambiance dans le fumoir! XD
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